Diptyque de théâtre musical
Première
6 février 2019
Lieu
Opéra national de Finlande, Helsinki
“Je m’élève de mes cendres
Sylvia Plath, « Lady Lazarus »
Avec mes cheveux rouges
Et j’avale les hommes comme de l’air.”
« Comment naît la violence et où elle peut conduire. » Cette question, posée par l’écrivain allemand Heinrich Böll en sous-titre de son roman L’Honneur perdu de Katharina Blum (1974), est le point de départ du spectacle. Déserteur de la Wehrmacht, intellectuel engagé de l’Allemagne de l’Ouest, Böll écrit à l’époque où les attentats de la Fraction Armée Rouge de Baader et Meinhof sèment le trouble. Mais la violence première, postule-t-il, n’est pas dans le poing qui frappe ou au bout d’un fusil : elle réside dans les mots, les images, les structures de la pensée et de la société, qui nous travaillent au corps.
Nous proposons de faire affleurer cette violence à travers deux histoires juxtaposées, l’histoire de deux femmes de fiction, inventées par des hommes, et réécrites par d’autres hommes au fil du temps. Heinrich Böll a imaginé Katharina Blum, et Shakespeare Ophélie, pour interroger leur propre regard masculin, en nous invitant à leur suite à sortir de nous-mêmes pour imaginer la perspective de l’Autre. Katharina Blum est devenue un personnage de film de Volker Schlöndorff, pour lequel Hans Werner Henze a écrit une musique. Ophélie a connu de nouveaux avatars, jusqu’à Heiner Müller qui en fait une figure de la révolte sur le modèle d’Ulrike Meinhof qui avait déjà inspiré Böll. C’est cette distillation même, dans les traductions successives d’une forme, d’un langage à l’autre, que nous voulons mettre en lumière, et où nous pouvons espérer donner la parole à ces personnages sans parler indument à leur place.
Le théâtre musical a la possibilité unique d’explorer les multiples dimensions de l’identité, de l’émotion, et de la pression collective, en remplaçant l’univocité et le consensus par quelque chose d’en apparence similaire mais en réalité fondamentalement opposé : l’harmonie et le contrepoint.
Production La Chambre aux échos et Opéra national de Finlande. Coproduction Radio-France et Secession Orchestra. Avec le soutien de la Mairie du 8e arrondissement de Paris, de la Fondation Singer-Polignac, de l’Institut Finlandais de Paris et la Cie Sisyphe Heureux.
Générique
Conception et réalisation
La Chambre aux échos
Musiques
Hans Werner Henze
Juha T. Koskinen
Partie 1 : Katharina Blum (1975)
d’après Heinrich Böll
Partie 2 : Ophelia/Tiefsee (2017)
livret d’Aleksi Barrière
d’après William Shakespeare, Jules Laforgue, Heiner Müller, et alii
Mise en scène et vidéo
Aleksi Barrière
Direction musicale
Clément Mao-Takacs
Lumière, co-scénographie
Étienne Exbrayat
Acteur
Thomas Kellner
Alto solo
Vladimir Percevic
En images
Extraits d’Ophelia/Tiefsee à sa création au Festival Présences à Paris :
Programmation
14 février 2017 (CM Ophelia/Tiefsee)
Festival Présences de Radio-France
avec Secession Orchestra
6 – 9 février 2019 (CM Violences)
Opéra national de Finlande /
Festival Musica Nova
avec l’Orchestre de l’ONF
Quelques échos
Février 2019 (Helsinki)
« En ce qui me concerne, une des plus impressionnantes expériences du festival fut le diptyque produit par l’Opéra National de Helsinki, Violences, par la compagnie de théâtre musical française La Chambre aux échos. Ce spectacle combine la musique pour Katharina Blum de Hans Werner Henze et Ophelia/Tiefsee de Juha T. Koskinen en un seul arc dramaturgique. Mise en scène par Aleksi Barrière, cette intense et captivante combination de musique et de drame questionne les rôles féminins dans les arts et la culture, en particulier en référence aux différents avatars du personnage shakespearien d’Ophélie. »
Merja Hottinen, Finnish Music Quarterly
Février 2019 (Helsinki)
« La combination des œuvres donne naissance à du théâtre musical contemporain, au rythme enlevé, où des fragments de texte donnent lieu à une histoire aux multiples facettes. Tous les rôles sont interprétés par le brillant acteur allemand Thomas Kellner, qui passe d’une perspective à l’autre en un clin d’œil. »
Samuli Tiikkaja, Helsingin Sanomat
Février 2017 (Paris)
« (Avec) les qualités du Secession Orchestra que façonne avec une extraordinaire précision Clément Mao-Takacs. (…) Le personnage d’Ophélie (…) est ici incarné par le prodigieux comédien Thomas Kellner. Un rôle travesti à même de montrer cette démystification de l’hystérie féminine à laquelle s’emploie Müller. Car répond à la Hamlet-machine de ce dernier la propre machine dramatique d’Aleksi Barrière. (…) On sort de ce maelstrom (…) vigoureusement secoué, le cerveau en ébullition, avec une furieuse envie de relire les textes. »
Jérémie Bigorie, ConcertoNet.com
Février 2017 (Paris)
« On retiendra la performance (trilingue) de l’acteur Thomas Kellner et la mise en scène amusante et originale d’Aleksi Barrière. »
Alexandre Jamar, ForumOpéra
Lire les notes d’Aleksi Barrière sur Ophelia/Tiefsee :
OPHELIA/TIEFSEE by Juha T. Koskinen