Deux vies rêvées de femmes

DRVDF_croix©CAE
Diptyque d’opéras de chambre (2010)

Amour et vie de femme de Robert Schumann
(1840, poèmes d’Adelbert von Chamisso)
+ Alissa de Darius Milhaud
(1913/1931, d’après le roman La Porte étroite d’André Gide)

Sopranos  Marianne Seleskovitch et Sayuri Araida

Direction musicale et piano  Clément Mao-Takacs
Mise en scène et régie  Aleksi Barrière

Durée : 30’ + 40’

Première le 6 juin 2010 au Théâtre de l’Hôpital Bretonneau.

Ce qui a poussé deux compositeurs masculins aussi différents que Robert Schumann et Darius Milhaud à adapter les textes de deux écrivains également masculins pour en faire des monologues féminins, c’est sans doute cette étonnante tradition – courant du Cantique des cantiques au drame naturaliste – d’hommes donnant par l’art la parole à la moitié de l’humanité qui ne l’a que si rarement. La «voix de femme», autant qu’un genre, devient un instrument particulier, apprécié pour son timbre unique, mais aussi le creuset d’une certaine image de la femme. Adelbert von Chamisso offre des phrases simples et candides à une adolescente amoureuse, qui aspire autant à la passion qu’au confort bourgeois et au mariage (le rêve partagé de Robert et Clara Schumann).

André Gide, en partant de la même situation, imagine dans La Porte étroite une jeune femme qui, plus ambitieuse, écarte peu à peu l’idée du mariage, même d’amour, avec un cousin normalien qui saurait lui offrir confort et sécurité : au bonheur, auquel nous semblons condamnés à devoir aspirer par-dessus tout, elle préfère l’idéal de la sainteté.

De ce roman ambigu Darius Milhaud a tiré une cantate mystérieuse, aussi rarement jouée que Frauenliebe und Leben l’est continuellement : ces deux pièces, moins «féministes» que l’on pourrait le croire, posent néanmoins la question de l’intimité féminine ; les mettre en scène sous la forme d’opéras de chambre nous permet de les mieux comprendre et confronter.

 

Notes de programme (PDF)