Théâtre musical en deux parties
sur des œuvres de Juha T. Koskinen et Hans Werner Henze
textes de William Shakespeare, Heiner Müller
et Jules Laforgue
Ophelia/Tiefsee de Juha T. Koskinen + Katharina Blum de Hans Werner Henze
Création mondiale d’Ophelia/Tiefsee le 14 février 2017 à la Maison de la Radio (Paris)
dans le cadre du Festival Présences.
Création mondiale du diptyque Violences le 6 février 2019 à l’Opéra National de Finlande (Helsinki)
dans le cadre du Festival Musica Nova.
avec Thomas Kellner, comédien
Vladimir Percevic, alto solo
Orchestre de chambre (16 musiciens)
Livret et mise en scène Aleksi Barrière
Direction musicale Clément Mao-Takacs
Création lumières Étienne Exbrayat
La représentation du 14 février 2017 par Secession Orchestra était précédée d’un concert de Secession Orchestra (créations de Florent Motsch, Kaija Saariaho et Davor B. Vincze) et diffusée en direct sur France Musique.
« Comment naît la violence et où elle peut conduire. » Cette question, posée par l’écrivain allemand Heinrich Böll en sous-titre de son roman L’Honneur perdu de Katharina Blum (1974), est le point de départ du spectacle. Déserteur de la Wehrmacht, intellectuel engagé de l’Allemagne de l’Ouest, Böll écrit à l’époque où les attentats de la Fraction Armée Rouge de Baader et Meinhof sèment le trouble. Mais la violence première, postule-t-il, n’est pas dans le poing qui frappe ou au bout d’un fusil : elle réside dans les mots, les images, les structures de la pensée et de la société, qui nous travaillent au corps.
Nous proposons de faire affleurer cette violence à travers deux histoires juxtaposées, l’histoire de deux femmes de fiction, inventées par des hommes, et réécrites par d’autres hommes au fil du temps. Heinrich Böll a imaginé Katharina Blum, et Shakespeare Ophélie, pour interroger leur propre regard masculin, en nous invitant à leur suite à sortir de nous-mêmes pour imaginer la perspective de l’Autre. Katharina Blum est devenue un personnage de film de Volker Schlöndorff, pour lequel Hans Werner Henze a écrit une musique. Ophélie a connu de nouveaux avatars, jusqu’à Heiner Müller qui en fait une figure de la révolte sur le modèle d’Ulrike Meinhof qui avait déjà inspiré Böll. C’est cette distillation même, dans les traductions successives d’une forme, d’un langage à l’autre, que nous voulons mettre en lumière, et où nous pouvons espérer donner la parole à ces personnages sans parler indument à leur place.
Le théâtre musical a la possibilité unique d’explorer les multiples dimensions de l’identité, de l’émotion, et de la pression collective, en remplaçant l’univocité et le consensus par quelque chose d’en apparence similaire mais en réalité fondamentalement opposé : l’harmonie et le contrepoint.